PLANÈTE CORRIDA JUIN - JUILLET
" Dans les années 70 et 80, il y avait des corridas partout. Chaque patelin voulait sa feria et on entendait souvent ces phrases fatales : C’est une sardine ! Y’a plus de toros ! Il est vrai que les piques avaient tendance à passer à la trappe...
D’où le choix pour certains, d’engager des toreros moins célèbres - mais qui le devinrent- et qui acceptaient de combattre des ganaderías moins « commodes ». On allait à Vic pour voir des piques et plus tard à Céret, sans parler de Bilbao ou de Madrid. À Nîmes, Béziers et Arles pour la Miurada et les Victorino. Hormis cela, la mode restait aux piques édulcorées. Et puis, les maladies ont entamé les cheptels. D’abord la tuberculose, les exigences sanitaires n’étant pas les mêmes de l’autre côté des Pyrénées, des élevages tel Maria Luisa en furent victimes. Plus près de nous, l’épizootie de la langue bleue, a permis aux ganaderias françaises, aux produits souvent piquants et costauds, de se faire apprécier. Graduellement, les toros quelle que soit leur provenance, ont moins chuté, les ganaderos sélectionnaient leur bétail sans kilos superflus. Les arènes programmaient des corridas-concours et autres corridas dites dures et les hommes ont commencé à ménager le fameux second tercio. La grande partie des gradins qui hurlait durant les piques et applaudissait quand le picador levait le palo, se calmait. L’éducation agissait!
Depuis quelques années, la tendance s’est inversée et aujourd’hui, matadors et novilleros soignent cette partie importante de la corrida. Les picadors sont en passe de redevenir les stars qu’ils n’auraient jamais dû cesser d’être et rares sont ceux qui hurlent pendant les piques, des voisins plus connaisseurs, les font taire. La corrida reste en danger malgré la loi.
Ce n’est qu’en revenant au fondement de cet art magique que nous pourrons perpétuer nos traditions et j’ai l’impression que nous sommes sur la bonne voie."
Michelle CATALA - rédactrice en chef