BOUJAN "TOROS Y CAMPO" 2017

SAMEDI 1er JUILLET 18h 30

"SANTACOLOMEÑA" cette première tarde de toros de Boujan 2017 où le ciel lui aussi s’est mis à la couleur du bétail, où le vent n’a cessé de forcir et de nous rafraichir, et où la présentation des toros a fini de refroidir le public fort nombreux pour une fois ! Les six exemplaires de los Maños sont sortis avec beaucoup de caste et peu de cornes. Les pointes se sont perdues en route, dans le vent, dans le voyage, avec les gens du voyage, allez savoir… mais ça n’a pas arrangé l’affaire. Passons. Des toros qu’il fallait toréer, mais ça on le sait lorsqu’on va tuer une corrida de Los Maños. Le premier soulève beaucoup de poussière au capote, il va au pas au cheval mais pousse fort et envoie valdinguer cheval et picador. La deuxième pique ne lui plait pas et il sort seul, faible il ne permet pas grand-chose à la muleta, finit parado, et Andy Younes abrège après deux descabellos. Silence au torero et à l’arrastre.

Au second pour Tibo Garcia, on a cru à una corrida mixte et on a attendu le rejoneador, mais non Tibo l’a mis en suerte et le toro a fait des siennes. D’abord il coupe net la pique de Gabin ; il vient de loin à la seconde mais pousse peu, il charge bien à la troisième et fait chuter Gabin sous l’impact. Plus d’allegria que le premier aux banderilles et une faena laborieuse, Tibo tient bon et le fait même passer à gauche, la faena va a mas mais la conclusion est loupée, deux pinchazos, un tiers de lame et un descabello. Le public siffle la coiffure du toro à sa sortie ; Tibo est applaudi et va même saluer au tiers.

Adrien Salenc voit sortir un càrdeno claro astifino (çui là ils l’ont oublié !) qui va lui aussi envoyer valser la cavalerie. Trois piques où le toro s’emploie énormément, puis une très bonne paire de banderilles de Rafael Cañada, le toro remate aux planches à la seconde paire et Cañada est obligé de passer en faux à la troisième.

Difficile, la faena de muleta, mais Adrien va y aller passe après passe jusqu'à obtenir un ligazon sur la droite idem pour une seule série à gauche, la faena va a mas et se termine avec la musique. Après deux tentatives infructueuses et un avis, un tiers de lame puis une entière font tomber le toro. Adrien Salenc est applaudi, le toro lui, est très applaudi, on reprend espoir.

Andy Younes aura été le plus mal servi de la tarde, la quatrième toro prend bien deux piques dont la deuxième de loin et en poussant mais impose un tercio de banderilles difficile et laisse le torero sans options à la muleta. C’est dur de tuer un toro non toréé, un tiers de lame et cinq descabellos plus tard le toro tombe sous les sifflets, on se gèle et le toro est un peu applaudi à la sortie.

Le cinquième est càrdeno oscuro, presque noir, Tibo le met bien en suerte pour deux bonnes piques la deuxième de loin, et le toro ne veut pas lâcher le cheval. Deux excellentes paire d’El Santo qui va saluer, puis Tibo prend la muleta pour une faena compliquée, dans un petit périmètre, le toro apprend et devient retors et se pare. Distraïdo, dur à fixer, Tibo choisit de le tuer aux tables, deux pinchazos et une épée contraire en viennent à bout. Quelques aplausos au toro.
Cela se termine mal pour Adrien Salenc qui reçoit le toro par una larga de rodillas. Beau trapio mais hélas il finit avec deux pinceaux sur la tête. Deux bonnes piques la deuxième forte, le toro pousse la cavalerie aux planches. Dur aux palos et à la muleta le toro ne permet pas grand-chose et ne va jamais baisser la tête. C’est dur de tuer dans ces conditions, ce sera fait d’un tiers de lame et une entière tombée. Public déçu et en colère.

Beaucoup de caste, des piques, mais pas de faena, pas de trophées, pas de soleil et toujours ce vent froid, tout le monde va se réconcilier avec la vie, au campo de feria, mais là mes amis quelle tertulia ! Pas un mètre carré où l’on ne parlait pas de toros, fallait que ça sorte, et c’est sorti, ça y est allé, géante la tertulia ! SANTACOLOMEÑA vous disai-je !

DIMANCHE 2 JUILLET 11h

Matinée très venteuse et ensoleillée pour 4 erales de Dolores Aguirre avec au cartel : Christian Montoro, Carlos Carmona, El Perè, El Rafi. Très intéressante course où les jeunes se sont investis avec leurs moyens face à de redoutables toros de deux ans aux allures de novillos et qui auraient tous mérité au moins un puyazo.

Ce fut parfois « la guerre » notamment au premier de Montoro, toro impossible à toréer et impossible à tuer, le torero entendra trois avis et le toro sera laborieusement puntillé depuis le burladero. Public très compréhensif, applaudissements et salut pour le torero.

Carmona va attendre le sien à porta gayola, suit une faena ou plutôt un combat sans relâche, où le torero ne lâche rien, la faena va même à mas, et se termine par 5 coups d’épée, un avis et le toro tombe enfin bouche fermée. Applaudissement au torero et au toro.

El Perè écope d’un toro astifino, bisco avec une corne gauche dirigée vers les étoiles, le toro va s’avérer faible à la muleta et donc dangereux mais el Perè arrive à tirer des séries et la faena va à mas. Un tiers de lame en arrière, un avis, El Perè retire l’épée en effectuant un simulacre de mise à mort, très courageux et très efficace, après une troisième et bonne épée le toro tombe : Vuelta du torero.

El Rafi a déjà triomphé l’année dernière, il va remettre ça cette année devant un bon toro, gacho, negro, buraco, meano. Très bonne lidia du début à la fin, Rafi pose trois bonnes paires applaudies, et entend la musique à la muleta dès la deuxième série. Après quatre excellentes séries à droite il tente à gauche et déclenche des applaudissements, il revient à droite aux tables pour une série dans un mouchoir de poche avec beaucoup d’aguante, le tout conclu par une grande épée, tout le monde sort le mouchoir et la présidence lâche sans se faire prier deux oreilles et vuelta au toro.

Fin de course émouvante avec le tour de piste du torero et du Mayoral de l’élevage Dolores Aguirre. Nous voilà réconciliés avec les toros. Une course à ranger dans le tiroir des souvenirs !

DIMANCHE 2 JUILLET 18h

Très sérieuse la novillada de l’après-midi avec 6 beaux exemplaires de Dolorès Aguirre. Après un hommage de Paul Hermé à la banquière de Bilbao, la course démarre, sous un beau ciel bleu et avec toujours un vent assez fort, par un beau toro noir liston. Écarté par le landais Baptiste Bordes dès sa sortie, il prendra deux piques et une rencontre, faena quelconque, le toro tombe après deux tiers de lame de Miguel Angel Pacheco, toro et torero applaudis.

L’écarteur landais se fait prendre spectaculairement mais sans gravité au second de Castellano, toro negro aldiblanco qui prend deux piques mais chute dès le premier tercio. Toro qui va manquer de force à la muleta, le torero conclu d’un tiers de lame mais le toro se relève et deux avis sonnent avant que la puntilla abrège.

Maxime Solera va lancer la course avec un novillo castaño claro liston, qui prend deux piques applaudies, on abandonne la troisième rencontre du centre car le toro hésite trop, deux bonnes paires de banderilles, brindis à l’empresa puis au public. Très bonne entame au centre et quelques séries à droite puis vient la main gauche et la musique, émouvante fin de faena à gauche en se croisant au maximum et en restant aux planches et dans le berceau de l’astifino. L’épée sincère sera hélas atravesada, un avis tombe puis tombe le toro, un descabello et quelques mouchoirs, mais pas assez. Ce sera des applaudissements nourris et une vuelta pour Maxime et le toro applaudi à l’arrastre.
Miguel Angel Pacheco voit sortie en 4 un toro noir très haut très beau qui va soulever la cavalerie sans prendre de fer à la première, et prendra deux piques de plus, la troisième sérieuse. Brindis au public et musique dès la deuxième série à droite. La faena va se passer essentiellement à droite, une tentative sur la gauche mais ce n’est pas la bonne corne, une épée entière ressort de suite, il faudra quatre pinchazos, un avis et une demi lame pour venir à bout du negro zaïno. Toro et torero applaudis.
Arrive le cinquième où on va assister à un solo de Gabin pour un tercio de piques mémorable. Un très beau toro colorado, ojo de perdiz, botinero, bociblanco, et astifino, tout cela avec en plus un penchant pour taper comme un dingue dans les burladeros. Dès la première rencontre Gabin secoué comme la veille se rétablit impeccablement bien, la deuxième pique est très applaudie et on met alors le toro en suerte de très loin, avec la musique, pour une troisième pique d’où il sort seul. Après une vuelta de campana, la prestation du piquero Gabin Rehabi rembourse l’abono, cité de loin, toujours sous la musique, le toro part pour une quatrième et excellente rencontre avec le cheval (cavalerie Bonijol), public debout !

Le toro fort prend deux bonnes paires de banderilles en rematant aux planches. Brindis de Castellano à Marc Serrano et au public pour une tentative de faena toute à gauche mais le toro s’échappe dès les premières passes et le torero n’arrive pas à le fixer. La mise à mort va donc s’avérer laborieuse, descabello après deux avis. Toro très applaudi à l’arastre.

Maxime Solera revient plein d’envie au sixième et dernier toro de la féria, un joli toro noir avisé au capote. Quatre piques où le toro pousse des deux cornes, un peon se fait prendre sans mal, aux banderilles aussi Maxime doit faire le quite à la troisième paire.

Toro dangereux. Brindis aux amis de Fos sur Mer et bonne faena qui finit comme la première à gauche avec des passes au millimètre, près des planches et sous les applaudissements. Hélas mort laborieuse, un avis et un descabello pour conclure.

C’est Gabin qui remporte le prix au départ destiné à la meilleure faena. Arènes pleines, à la sortie le sourire est de mise, plus personne ne fait la tête, c’est une grande journée de toros que nous avons vécu ce 2 Juillet.

TEXTE TIERRY GIRARD - photos Hugues Bousquet