LE TAUREAU RESSENT-IL LA DOULEUR DURANT LE COMBAT ? NON
Articles sur le sitede la Fédération des Sociétés Taurines de France que Lo Taure Roge remercie
http://www.torofstf.com/infos2009/090511douleurillera.html
« En préambule
Mise au point au sujet des mots douleur et souffrance
Dans le programme des VIe Journées sur le Bétail de Combat (Pamplona 21 & 22.11.2008), la communication du professeur Juan-Carlos Illera del Portal était annoncée sous le titre : ¿ Sufre el toro durante la lidia ? (Le taureau souffre-t-il durant le combat ?). Lors de son intervention, les premières paroles de l’auteur furent pour dire qu’il y avait une erreur dans le programme et que le titre exact était : ¿ Siente el dolor el toro durante la lidia ? (Le taureau ressent-il la douleur durant le combat ?).
J’apporte cette précision parce que, tant dans la presse espagnole que française, des compte rendus de la recherche en cause emploient plus ou moins souvent le mot souffrance au lieu de douleur. C’est une confusion qui n’a pas été commise dans la traduction de la communication du professeur Illera publiée dans le n°25 (avril 2009) de En Traje Velazqueño et reprise ci-dessous. Sur la différence de sens qu’il y a entre les deux mots douleur et souffrance, j’ai d’ailleurs écrit une chronique intitulée « Douleur ou souffrance / Humaine et animale » publiée dans Ruedos y toros en octobre 2001, dans El Quite en janvier 2002 et dans En Traje Velazqueño en avril 2007, tant dans le numéro normal que dans le numéro spécial destiné à diverses personnalités, ainsi que dans les pages appartenant au Forum Taurin Marc Roumengou: http://www.torofstf.com/forummarcroumengou.htm#douleur
Ce qui suit a été publié dans En Traje Velazqueño n°25, avril 2009. C'est la traduction d’une communication faite par le professeur Juan-Carlos Illera aux VIe Journées sur le Bétail de Combat, Pamplona, 21 & 22novembre 2008. Les lecteurs de notre magazine (En Traje Velazqueño)n’étant pas des chercheurs, j’ai supprimé toutes les références à d’autres auteurs ainsi que la bibliographie.
Marc Roumengou
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Que pouvons nous savoir de la souffrance du taureau au cours du combat dans l’arène ou dans les pâturages?
Il n’en demeure pas moins, diront les détracteurs, que le taureau souffre pendant le combat et c’est insupportable. Avant tout chose, il ne faut pas confondre la douleur et la souffrance! La douleur est une sensation et un signal qui fait réagir, alors qu’une souffrance est un état et un signe qui impliquent un décodage ou une interprétation. Le taureau est un combattant, qui durant la corrida, se livre en attaquant comme c’est son comportement habituel dans les pâturages des ganaderias. Il ne fait qu’actualiser sa nature de «toro bravo». A ce titre il n’est donc pas dans la souffrance, le terme est à réserver à l’être humain, car lui seul peut se trouver dans un véritable état de souffrance !
Contrairement aux autres animaux, le taureau de combat ne réagit pas aux blessures par la fuite mais par l’attaque, et revient au combat face aux picadors, plutôt que fuir (aucun procorrida ne prend plaisir à la douleur de l’animal comme imaginent les anti-corridas). On peut aussi rappeler à ce propos ses réticences pour quitter l’arène à la suite d’un «indulto» (grâce). Ce qui fait que le toro, dit bravo, est autant admiré. Précisons aussi, si cela avait échappé aux anti-corridas, qu'aucun spectateur ne touche à un poil de l'animal. Enfin, pour revenir à la notion de souffrance, celle-ci est largement déterminée par la conscience de l’intégrité physique et les représentations qui portent sur elle. De ce fait, son altération provoque une production fantasmatique, génératrice d’angoisse, processus qui ne peut concerner que l’humain.
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Communication faite par le professeur J. C. Illera aux VIeme Journées sur le Bétail de Combat Pamplona, 21 - 22 novembre 2008
I. INTRODUCTION
Les bovins de combat possèdent une série de particularités qui rendent pratiquement impossible leur comparaison avec d’autres espèces ou races animales. Ils sont élevés pour faire preuve de bravoure, de combativité et de force durant le combat. Tout cela implique une sélection et une conduite spéciales de l’élevage destinées uniquement pour ces animaux, selon l’expérience de beaucoup d’années et même durant des générations, de la part des éleveurs qui les sélectionnent.
Selon la littérature scientifique, le stress implique n’importe quel facteur qui agit à l’intérieur ou à l’extérieur, auquel il est difficile de s’adapter, et qui induit une augmentation de l’effort de la part de l’animal pour maintenir un état d’équilibre du milieu interne (homeostase) et avec le milieu ambiant externe.
L’adaptation au stress est une réponse neuro-endocrinienne qui affecte différents systèmes organiques, donnant lieu à des adaptations qui font front au stimuli stressant. L’objectif de notre étude a été d’étudier, d’une part, les mécanismes de réponse au stress chez le taureau de combat, d’autre part, si la réponse neuro-endocrinienne modifie le seuil de la douleur chez ces animaux.
II. MATÉRIEL ET MÉTHODES
Pour cette étude, il a été utilisé 180 taureaux, tous combattus à Madrid, dans les arènes de Las Ventas. Les échantillons ont été prélevés dans l’écorcherie des arènes, soit sur des taureaux normalement estoqués, soit sur des sujets renvoyés au corral après les piques ou après les banderilles. De même, il a été réalisé une étude comparative sur 40 taureaux utilisés dans des spectacles de recortadores (ndlr : type de corrida dans lesquelles les taureaux sont provoqués puis évités quand ils attaquent. Les animaux ne sont pas blessés sciemment ou tués)
Pour déterminer les concentrations d’hormones dans nos échantillons, nous avons utilisé la méthode d’enzymo-immuno-analyse ELISA (Enzyme-Linked Immunosorbent Assay) pour le cortisol, et ELISA sandwich pour l’ACTH et les bêta endorphines. Toutes les techniques ont été validées au Département de physiologie animale de la Faculté vétérinaire (Université Complutense de Madrid).
III. RÉSULTATS et DISCUSSION
1)Les réponses au stress
Comme il est impossible d’obtenir des animaux témoins, dans le cas du cortisol les données, celles-ci ont été fournies par le professeur Vicente Gaudioso (Université de León). Quant aux autres résultats, faute d’avoir pu utiliser des animaux témoins puisque toute manipulation des animaux signifie un stress pour eux-mêmes, nos résultats ont été comparés avec une autre situation à laquelle sont soumis ces animaux, comme le transport aux arènes ou aux abattoirs.
Pour savoir si la réponse neuro-endocrinienne du taureau de combat est égale à celle des autres races de bovins ou si elle a des caractéristiques différentes, on a réalisé une étude neuro-endocrinienne de l’axe hypothalamus-hypophyse-surrénales analysant les principales hormones régulatrices de cette réponse neuro-endocrinienne. Ce que nous constatons en premier, c’est que le taureau [de combat] est un animal spécial du point de vue endocrinologie, car il a une réponse totalement différente de celle des autres races bovines et des autres espèces animales.
En analysant les mesureurs de stress tels que l’hormone adéno-hypophysaire (ACTH–hormone adéno-corticotrope) et les hormones surrénales, tant du cortex (cortisol) que de la médullosurrénale (épinéphrine et norépinéphrine), nous sommes arrivés à constater que durant le combat, le taureau présente une libération d’ACTH et de cortisol moindre que durant le transport.
Cela signifie que cet animal a une meilleure réponse au stress. Il est évident que le taureau subit un stress, mais avec ces analyses nous avons pu démontrer que celui-ci est significativement plus élevé au moment d’entrer dans l’arène, par exemple, qu’au point culminant de son combat. Nous avons également pu observer l’existence de différences hormonales entre taureaux et novillos, les niveaux étant plus importants chez les seconds. Peut-être que cela est dû à ce que le novillo est un animal plus jeune et, par conséquent, moins entraîné. Nous comparons le mécanisme du stress à la physiologie de l’exercice. C’est–à-dire que plus important est l’entraînement, meilleurs seront les résultats et moindre le stress.
Outre qu’il est évident que le taureau a passé plus de temps dans les pâturages, il se trouve aussi que physiologiquement parlant, les novillos pourraient ne pas avoir encore complètement développé leur système de régulation hormonale.
Nous avons comparé nos résultats obtenus sur des animaux combattus en corrida ou novillada avec [ceux obtenus sur] des taureaux de spectacles de recortadores, où les animaux ne subissent pas les piques et les banderilles, ni la mort par l’épée. Quelle a été notre surprise en constatant que les niveaux des hormones ACTH et cortisol étaient plus élevés chez ces animaux que chez ceux provenant de la corrida; vu ces résultats, nous pouvons indiquer en premier lieu:ces spectacles sont plus stressants pour les taureaux que le combat normal de la corrida, ce qui renforce l’hypothèse que l’entrée dans l’arène est le moment le plus stressant du combat.
2) La réponse neuro-endocrinienne modifiant le seuil de la douleur
Une autre partie de notre étude fut de tenter de connaître le seuil de la douleur chez les taureaux et les novillos, par la mesure des bêta-endorphines. Il s’agit d’un opiacé endogène qui est l’hormone chargée de bloquer les récepteurs de douleur (nocicepteurs), à l’endroit où celle-ci se produit et jusqu’à ce qu’arrive un moment où cesse la sensation de douleur. Par les résultats obtenus, nous avons constaté que chez les taureaux [de combat], le seuil de douleur est ex-trêmement élevé. Ce qui revient à dire que durant le combat, ils libèrent de grandes quantités de bêta-endorphines.
Pendant le transport des taureaux, cette hormone est également libérée parce qu’ils sentent le stress, mais en moindre quantité, ce qui au début leur provoquera une douleur. Le problème est que, aucun nocicepteur périphérique n’ayant été excité, contrairement à ce qui se passe dans le combat, l’hormone ne peut pas agir, parce que l’adaptation au stress est moindre et la douleur ressentie par l’animal pourrait être plus forte.
S’agissant ici une étude préliminaire et compte tenu des résultats obtenus, nous avons besoin d’approfondir davantage l’étude des mécanismes impliqués dans la régulation du stress et de la douleur. Pour cela, on va étudier les principaux organes et tissus impliqués dans ces systèmes de régulation neuro-endocrienne : système nerveux central (SNC, encéphale), hypophyse, surrénales et sang périphérique.
IV REMERCIEMENTS
Au corps des vétérinaires des arènes de Las Ventas, à Madrid, pour nous avoir permis d’effectuer les prélèvements d’échantillons nécessaires à cette étude.
JUAN-CARLOS ILLERA Professeur titulaire de Physiologie animale Université Complutense. Madrid »
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