BÉZIERS - Public aficionado, public averti, public fourni, public ravi
Béziers, samedi 4 mars, troisième et dernier entrainement public du torero Christian Parejo dans le cadre du projet « Dans l’intimité d’un torero ».
Il fallait être aficionado pour rentrer dans le jeu, pour adhérer au spectacle offert par les deux toros sortis en piste ce matin, pour comprendre que la tauromachie n’est pas un show organisé mais toujours un combat incertain, que le toro exige et qu’à la fin l’homme doit gagner ou changer de métier, et ce matin, si vous permettez, je voudrais saluer ce public qui a si bien perçu toutes les difficultés du spectacle avec des toros exigeants qui certes n’ont pas permis 60 passes mais qui ont permis à un jeune futur torero de faire face à une situation au combien compliquée mais dont il a su se tirer, toujours avec élégance, toujours en « payant comptant », sans jamais s’enlever de devant tout en gardant une « planta torera » et des gestes bien faits qui même s’ils ne furent pas abondants nous ont fait régaler.
Le premier toro negro tostado, d’un beau trapio, haut de tête, un « Tio » marqué du 8 donc au moins 5 ans de la ganaderia « San Sebastian » menée par Gilles Evangelisti. Deux rencontres au cheval, et faena essentiellement droitière en faisant humilier le toro une tentative à gauche, difficile d’en tirer trois passes mais les séries sont toutes conclues par d’extraordinaires passes de pecho qui ravissent l’assemblée. Pour l’entrée à matar, c’est encore de la main gauche mais là le toro s’emploie un peu mieux, deux pinchazos et une entière concluante.
L’origine Jandilla et Daniel Ruiz n’est pas apparue dans ce toro même s’il a parfois embesti de façon noble.
Le Tardieu, d’origine Nunez par José Luis Pereda, donc par définition plus compliqué qu’un Domecq mais qui fait parfois le bonheur du torero et du public. Celui là sort colorado ou castaño claro comme vous voulez, un peu liston, meano, très haut de tête ( trop d’après l’éleveur), et va nous offrir un très bon tiercio de piques avec trois rencontres dont la première spectaculaire où il pousse bien sous le fer et les deux autres où il s’emploie avec bravoure. Dès l’entame on sent que là il y a un toro bravo, et que le garçon en face va avoir du fil à retordre. Christian Parejo ne se démonte pas et passe après passe va arriver à faire imbestir le colorado à tête haute, mais ne comptez pas voir lier des passes, dès la première le toro réfléchit et c’est danger en fin de passe ou dans la passe qui suit. Christian reste de marbre et fait toujours tout avec élégance, arrive à quelques imbestidas dans le leurre, mais le Tardieu devient de plus en plus impossible, coupe les terrains et en plus le vent se lève. Christian Parejo prend l’épée, cite à gauche et d’une entière conclue le combat.
Très bonne matinée de toros ou on a vu deux toros compliqués et un torero déterminé, certes ce n’étaient pas des faenas à oreille, mais jamais l’ennui n’a régné sur les tendidos alors que parfois avec des pluies d’oreilles on s’emmerde à cent sous l’heure (plus le prix de la place lol).
Au charbon de la brega les incontournables José Gomez, et Merenciano aidés aujourd’hui par Dorian Dejean dont le retour dans le ruedo biterrois nous a fait chaud au cœur. A cheval bien sur Jean Lou Aillet, et de jeunes futurs areneros ou toreros ou banderilleros ou vendeurs de chouchous et de chapeaux, tous de l’école taurine de Béziers pour s’occuper de la piste. Un monde fou à la visite des arènes et un public très jeune encore une fois !
Public aficionado, public averti, public fourni, public ravi.
TIERRY GIRARD 04/04/2023 - photos PIERRE GOUDOU