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LO TAURE ROGE
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24 juin 2023

TRIBUNE LIBRE - Etre aficionado, c’est espérer.

BeFunky-collage(1)Etre aficionado, c’est espérer par Jean Louis AUBERT

Espérer que les toros, avec du trapio, bien présentés, bien armés (pas forcément veletos mais pas brochos), ne manquent ni de bravoure ni de noblesse, et surtout pas de forces.
Espérer qu’ils ne soient pas distraits, semblant trouver plus de plaisir à parcourir la piste en tous sens plutôt qu’à suivre capes et muletas.
Espérer qu’ils ne soient pas mansos, fuyant tout contact et chargeant brutalement après des minutes d’immobilité frémissante…
Espérer qu’ils ne soient pas « sosos », à peu près aussi générateurs d’émotions que de la limonade coupée d’eau…
Espérer qu’ils ne se blessent pas en « rematant » au burladero (corne cassée, patté abimée, voire mort brutale –cf « le toro de la feria »  in « Souvenirs de callejon »).
Espérer qu’un palco au comportement indéchiffrable ne remplace un toro sans problème par un exemplaire à oublier (si, si, déjà vu). Cela fait déjà beaucoup. Mais il faut ajouter tout ce qui incombe aux hommes. Commençons par ceux qui ne sont pas en piste. Donc, espérer que le veedor avait enlevé ses lunettes de soleil quand il est allé choisir le bétail…
Espérer que le ganadero a bien joué le jeu, et pas « refilé » des fonds de tiroir, même s’ils portent le même nom et le même fer…
Espérer que le palco soit composé de vrais connaisseurs et pas de prétentieux qui ne sont là que pour se faire voir…
Espérer que, même avec de vrais aficionados, il ne cherche pas à faire la promo de leur feria plutôt qu’à récompenser (ou pas) ce qu’ils ont vu en piste. Ou à régler Dieu sait quel vieux compte avec telle figura ou tel apoderado…
Espérer que l’empresa, ou l’apoderado, ne fasse pas, de façon plus ou moins discrète, pression sur le palco.

En piste, maintenant.
Espérer que les toreros seront au top de leur entrega. Pour les avoir tant côtoyés, il ne me viendrait pas à l’idée de critiquer, encore moins de conspuer (comportement indigne et condamnable de la part d’un véritable aficionado) une baisse d’envie, de motivation, qu’elle soit due au danger extrême ou au contraire à l’inexistence de son adversaire. Pour autant, expédier un toro après trois passes de châtiment chiffonnées et une estocade « dans les arènes (de Nîmes) en passant par la route de Montpellier », ce n’est pas ce qu’on attend d’un matador digne de ce nom. Et le tempérament artiste ou les origines gitanes ont bon dos… Donc, encore une fois, espérer une entrega sans faille (heureusement, ils sont nombreux dans ce cas), un bon lot au sorteo, car que faire face à une chèvre trouillarde, un invalide ou un assassin à quatre pattes ?
Espérer que (humain, trop humain) l’envie de « faire semblant » ne l’emporte pas sur la conscience professionnelle et l’orgueil inhérent au statut.Le matador l’a bien compris : le public est imbécile, donc, pourquoi se fatiguer, inventons donc un problème là où il n’y en a pas, et créons un toro intoréable…Pénible, et décevant.
Espérer que le maestro torée son adversaire, et pas le public, qu’il corrige les défauts et ne massacre pas les qualités.
Espérer que la cuadrilla ne soit pas prise de trouille, plantant les banderilles une à une, tournant le dos (ou presque) au toro, accumulant les désarmés et les fuites en panique.
Espérer que les peones ne multiplient pas les passes inutiles qui vont enlever à l’animal le peu de forces qui lui reste…
Espérer que le public soit assez connaisseur pour ne pas se faire rouler dans la farine.
Ou au contraire qu’il voit des miracles là où il n’y en a pas, agitant des mouchoirs blancs frénétiquement quand le maestro est passé à côté de son toro, clamant une oreille alors qu’il a ajouté mete y saca + estocade caïda + descabellos à répétition.
Attention : les meilleurs matadors ont le droit de rater une estocade, mais dans ce cas, silence, les mouchoirs restent dans les poches.
Ou, au contraire, que le public ne voit pas le travail effectué par le maestro, et que, pressé d’aller boire un coup, se mettre au frais (ou au chaud suivant la saison) il ne réclame pas une oreille, lésant le matador et frustrant le palco prêt à en faire tomber deux (n’est-ce pas Denis et Gérard ?)…
Espérer qu’un toro même pas digne d’une vuelta ne se retrouve, Dieu seul sait pourquoi, indulté à la demande d’un public imbécile et d’un palco complaisant.
Espérer que volterretas et cogidas ne signifient pas le pire… Bref, « l’espoir fait vivre » et être aficionado, c’est définitivement être un pêcheur de lune. Donc, espérons.
« Que Dios reparta suerte ! ».

Jean Louis AUBERT

NB : Pour illustrer ce petit sujet, j’ai volontairement exhumé de mes archives une corrida oubliée de tous : public, toreros, ganadero (et photographe !). Il n’y avait rien de glorieux à sortir du lot malgré la bonne volonté des toreros. Pour autant, une photo étant un instant fugace, certaines peuvent illustrer le sens profond de la corrida. Elle avait lieu à Vauvert, il y a quelques années. Il semblerait que la maire actuelle, bien qu’aficionada, ait tourné le dos à la corrida (PS : pardon si je me trompe). Dommage, parce que, si l’on rêve tous de Séville, Madrid, Nîmes, Arles ou Dax (plus quelques autres, tout de même) c’est aussi dans les plazitas que se cultive l’aficion, avec des toreros tous aussi respectables que les figuras du sommet de l’escalafon.

Et qu’on attend toujours la surprise, la révélation d’un élevage quasi inconnu, la prestation d’un « second couteau » qui court après les contrats… Parce que (retour à la case départ) « être aficionado, c’est espérer ».

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