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LO TAURE ROGE
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  • Défendre et promouvoir la Culture et l'Art Tauromachique en OCCITANIE - Pyrénées-Méditerranée et au-delà. «Vous aimez la corrida ? Sachez la défendre ! vous n’aimez pas la corrida ? Sachez la comprendre !» - Site animé par Hugues Bousquet
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TOROS ORTHEZ 2024

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18 août 2023

Histoire d’un indulto par Tierry Girard

L’atmosphère est très lourde ce 9 Août 2023, air lourd et humide d’été très chaud, on est assis sur les bottes de paille et le tracteur oscille lentement sous un petit vent marin qui par quelques rafales discrètes atténue un peu la canicule, il roule au pas pour atténuer les secousses puis s’arrête un moment « Voilà vous en avez deux là qui reviennent de Madrid ». Trois toros de haute stature nous regardent, un se met à marcher les deux autres le suivent, « C’est lesquels Robert ?» demanda l’un d’entre nous «  Ah pardon, le 174 et le 170, à droite, le 170 regardez le celui là, grand toro, - Lequel ? -  A droite, le castaño claro avec la tache blanche, grand toro !  - Les deux rentrent à Béziers ? - Les deux sont pour Béziers, cette année j’ai un lot magnifique, j’ai jamais mis des toros aussi beaux dans les arènes de Béziers. Les trois toros s’éloignent en marchant, nous montrant leur cul comme pour nous dire – merci de la visite, allez, cassez vous - c’est pas très poli un toro bravo vous savez !

L’éleveur revient de Madrid où la corrida complète est sortie avec au moins deux toros importants comme on dit, l’éleveur en a vu quatre lui, peut-être cinq faudrait pas le pousser, quand on veut être un grand éleveur il ne faut pas avoir peur de la démesure... La mise en scène en fait partie, tu passes ta vie à élever des toros et un jour on te les prend à Madrid, alors les huit petits que tu envoies dans la capitale du toro, (petits n’est pas le bon terme mais on le garde ce n’est pas un concours de sémantique) tu les mets en scène, tu les bichonnes, tu les cuides, tu les encourages, tu fais surtout attention à l’embarquement au manège pour pas les blesser connement, à l’alimentation des derniers jours, à tout quoi puis après tu peux pas faire grand-chose… Ah si, les noms des toros, cela tu peux le faire, faut leur donner un nom, à chacun, aucun n’est baptisé une chance ! On se présente à Madrid où, du monde entier, on vient faire la queue devant les musées du Prado et la Reine Sofia, on va donc en faire des peintres et c’est parti, le 162 sera Lelee peintre illustrateur adopté en Provence, le 520 Velasquez, le 186 Van Gogh, le 194 Cézanne , le 158 Picasso, et le tout on le remet au vent de « Mistral » n°168. Bonne pioche ? suerte ? Conditions idéales ? Résultat : le 16 juillet les peintres vont tous fouler le sable de Las Ventas, sans aucun complexe, les six vont montrer des qualités que recherche le public des arènes de Madrid et au moins deux d’entre eux peuvent prendre le qualificatif de « toros importants », d’ailleurs le célèbre « Florito », dira à Robert Margé après la course : « En San Isidro, ton Picasso il prenait le prix du meilleur toro de la féria » (texto).

Alors, quand tu montes la corrida de Béziers avec 7 toros dont deux qui ont participé à la caravane des huit de Madrid, il faut le trouver ce petit plus qui vous grandit la course. Béziers vient de sortir son quatrième torero d’alternative, le cartel du 14 est composé d’un Biterrois et de deux Nîmois, devant une ganaderia de l’Aude, c’est le Languedoc qui va entrer en piste, alors l’éleveur pense au vin, associer à sa corrida des noms de terroirs, de vignobles, d’appellations, et les toros du 14 Août vont être baptisés«n°156/ Picpoul », «n°196/ Clape », «n°166/ Corbières », « n° 16/Minervois », «n°174/ Pays d’Oc », « n° 28/Faugères ». Il en reste un à baptiser, mais le torero Biterrois avait fait la demande de voir un des toros de la course porter le nom de son ami d’enfance, dilemme incommensurable, il n’y a dans la course que des noms de vins ; alors l’éleveur se souvient de Madrid où Mistral à insufflé un vent de triomphe aux cinq peintres, et le copain de Carlos - il fait quoi, du vin ? - il est peintre, - il est peintre? On pense aux peintres de Madrid - alors il doit rentrer dans la course, et le n° 170 va se nommer « REVILLA », peintre illustrateur de Béziers qui a déjà réalisé des affiches de ferias, Révilla, artiste, ami d’enfance de Carlos Olsina sera sortéé en troisième position.

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Le 13 Août 2023 Juan Leal a renvoyé sur les vaches : « Lobito » n°32, toro de Santiago Domecq, 525Kg, colorado, tache blanche sur le flanc droit (berrendo). Aujourd’hui c’est au tour des Margé, la corrida des caves et des caveaux de pinard, mais après l’indulto d’hier, peu de probabilités de voir le nom d’un grand cru se faire gracier, faut être logique mais c’est mal connaitre le ganadero, lui à beaucoup d’espoir sur cette course. Quand sort en piste le troisième toro, « Revilla », n°170, toro de Robert Margé, 490Kg, colorado, tache blanche sur le flanc droit, la ressemblance avec Lobito gracié hier est frappante, deux frères jumeaux ! Charles a vu de suite le toro, celui-ci s’emploie au cheval sur deux piques que le torero demande brèves, il est bon au tercio de banderilles, et quand sonne le troisième tercio, tous les espoirs sont permis de voir Charles triompher devant ce toro. Après une entame à genoux au centre, parfaite et très applaudie, le torero sert une série à droite parfaite sans aucune anicroche et dès qu’il prend la main gauche retentit lugubre et puissante la musique de Vangelis pour l’épopée vers le nouveau monde de Christophe Colomb, et cela scotche le public car en piste Revilla répond à tous les cites, et Charles est simplement grandiose, dans un mouchoir avec un toro qui fait l’avion, pas de pas perdus ou de retrait, pas de temps mort à arranger le leurre dans la muleta, toro et torero en symbiose et un public ravi qui y va de ses « olé y olé », et comme la veille, ça commence à faire des allusions. Le président là haut commence à se faire du souci, on va encore lui demander de sauver la vie de ce toro, il le sent. Lui, sauver des vies c’est son métier, il fait ça 365 jours par an, mai là il est pas mandaté pour ça, il y a un règlement alors, pendant que sous les cris qui en une seconde viennent d’envahir l’arène Charles a jeté la muleta et l’épée, signifiant ainsi que tuer Revilla n’est pas son souhait, il consulte ses notes, et constate que Revilla a coché toutes les cases de la lidia, piques, banderilles, muleta n’en parlons même pas, aucun défaut sur les deux cornes, d’ailleurs Charles vient de la reprendre la muleta et c’est reparti pour des charges sans fin, un concert d’imbestidas à toute blinde que le public se régale d’accompagner de olés de plus en plus forts et de cris et de gestes, faut avoir vécu ça, cette communion toro, torero, callejon, public, cette émeute, ce ramdam, en bas, l’éleveur en peut plus, quel supplice, en haut on se consulte et le tonnerre est à son comble quand apparait le mouchoir orange. Alors là mes amis quel bonheur, que de joie, faut avoir vécu l’intensité de ces moments pour comprendre, et je les plains les rares qui ont rechigné ce jour là, mais revenons en piste. Charles fait le simulacre de la mise à mort et on raccompagne Revilla à la porte du toril qu’il prend sans se faire prier, toujours de la noblesse dans ce toro, qui va aller panser ses plaies et revenir au campo. C’est au campo sur le tracteur que Robert nous l’avait montré le 170, revenez au début, il s’était pas trompé sauf sur la couleur, il le voyait castaño claro, ouais on pouvait aussi dire ça.

14 Août 2023 : corrida de Robert Margé
Adriano : ovation et oreille
El Rafi : oreille et ovation
Carlos Olsina : deux oreilles symboliques et salut sous grande ovation
Carlos Olsina et l’éleveur Robert Margé sortis à hombros par la grande porte.

Tierry Girard

Commentaires
D
Très bel article !
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